Catégorie : Pédiatrie

  • Décalottage chez le garçon : que faut-il vraiment faire ?

    La question du « décalottage » (rétraction du prépuce pour découvrir le gland) revient souvent en consultation. Entre conseils contradictoires et idées reçues, il est facile de s’y perdre. Voici un guide clair, fondé sur les recommandations actuelles, pour comprendre l’évolution normale du prépuce, reconnaître les situations qui nécessitent un avis médical et savoir comment prendre soin du sexe de votre enfant.

    L’essentiel à retenir

    • Ne jamais forcer le décalottage : c’est douloureux, inutile et peut créer de vrais problèmes (cicatrices, phimosis acquis, paraphimosis).
    • La non-rétractilité est normale chez le petit enfant et s’améliore spontanément avec la croissance.
    • L’hygiène se fait sans décalottage forcé : eau (et éventuellement savon doux bien rincé), séchage délicat.
    • En cas de phimosis gênant après 5–6 ans, un traitement local par corticoïdes pourra être proposé en première intention et fonctionnera dans la grande majorité des cas.
    • Le paraphimosis (prépuce coincé derrière le gland) est une urgence.

    Comment évolue le prépuce avec l’âge ?

    À la naissance, l’intérieur du prépuce adhère naturellement au gland et l’orifice préputial est serré. Le prépuce devient progressivement mobile au fil des années, sous l’effet des érections spontanées et des manipulations douces et spontanées par l’enfant lui-même. Les repères suivants sont couramment observés :

    • environ 10 % des garçons ont un prépuce totalement rétractile vers 1 an ;
    • environ 50 % vers 10 ans ;
    • environ 99 % à la fin de la puberté.

    Ces chiffres montrent une variabilité normale : certains enfants rétractent tôt, d’autres plus tard, sans que cela soit pathologique.

    Pourquoi il ne faut pas forcer

    Forcer le décalottage peut provoquer des fissures et micro-déchirures qui cicatrisent en épaississant l’anneau du prépuce : on parle alors de phimosis acquis (prépuce trop serré). Cela augmente aussi le risque d’un paraphimosis, lorsque le prépuce reste bloqué derrière le gland et serre celui-ci comme un garrot. Ces pratiques sont déconseillées.

    Toilette intime : simple et efficace

    Pendant le bain ou la douche, lavez le sexe à l’eau, avec un savon doux si vous le souhaitez, puis rincez soigneusement.

    Pas de décalottage forcé. Quand le prépuce devient mobile, l’enfant peut le rétracter doucement lui-même pour rincer, puis le remettre en place (recouvrir le gland) afin d’éviter un paraphimosis.

    Le smegma, c’est quoi ?

    De petites « perles » blanchâtres peuvent apparaître sous le prépuce : c’est du smegma, un mélange de cellules et de sécrétions qui participe au décollement naturel. Inutile de l’exprimer : il s’évacue spontanément quand le prépuce devient plus mobile.

    Quand consulter ?

    Prenez avis si vous observez :

    • rougeur importante, gonflement, douleur, écoulement ;
    • douleur en urinant, jet dévié ou ballonnement du prépuce à la miction ;
    • impossibilité durable de rétracter le prépuce après 5–6 ans surtout si cela gêne l’hygiène, la miction ou s’accompagne d’infections répétées ;
    • paraphimosis : prépuce coincé derrière le gland, gland gonflé, rouge-violacé et douloureux → urgence.

    Principales situations et traitements
    1) Phimosis « physiologique » du petit enfant

    Prépuce non rétractile, sans douleur ni infections : on laisse évoluer. Aucune manœuvre forcée.

    2) Phimosis pathologique (congénital serré ou acquis)

    Lorsque le prépuce reste serré et gênant après 5–6 ans, ou s’il existe des infections à répétition, on propose d’abord un traitement local :

    • Crème corticoïde (ex. bétaméthasone 0,05–0,1 %) 1 à 2 fois/jour pendant 4 semaines, souvent prolongeable jusqu’à 6–8 semaines selon l’avis médical.
    • Taux de succès > 90 % dans les séries pédiatriques, évitant dans la plupart des cas une chirurgie.

    Et si ça ne suffit pas ? Deux options chirurgicales existent et sont discutées au cas par cas avec l’urologue pédiatrique :

    • Plastie du prépuce (préputioplastie) : élargissement ciblé en conservant le prépuce.
    • Posthectomie (circoncision) : ablation du prépuce, réservée à des indications précises (échec du traitement médical, lichen scléreux / balanitis xerotica obliterans, complications).

    3) Balanite / Balanoposthite (inflammation/infection du gland et/ou du prépuce)

    Rougeur, douleur, parfois écoulement. Conduite à tenir : toilette douce, bains tièdes, antalgiques si besoin ; évitez le décalottage forcé pendant l’épisode aigu. Un traitement local (antiseptique, antifongique ou anti-inflammatoire doux) peut être prescrit selon la cause. Reconsultez si la douleur persiste au-delà de quelques jours.

    4) Paraphimosis

    Prépuce coincé derrière le gland, douleur vive, gonflement : soin d’urgence. Une réduction manuelle sous analgésie est tentée ; si elle échoue, un geste chirurgical peut être nécessaire.

    Foire aux questions

    À quel âge « doit-on » pouvoir décalotter ?
    Il n’y a pas d’âge « obligatoire » : la majorité des garçons auront un prépuce mobile avant l’adolescence, mais la normalité s’étend jusqu’à la fin de la puberté.

    En conclusion : pas de décalottage.

    Faut-il décalotter pour « bien nettoyer » ?
    Non. L’hygiène est satisfaisante sans décalottage forcé ; lorsque le prépuce devient mobile, l’enfant apprend à le rétracter doucement pour rincer, puis à le remettre en place.

    Le traitement par corticoïdes n’est-il pas dangereux ?
    Les corticoïdes topiques utilisés pendant quelques semaines sur l’anneau préputial sont peu dosés et très bien tolérés sous surveillance médicale. Ils permettent d’éviter la chirurgie dans la majorité des cas.

    Dans quels cas parle-t-on de chirurgie d’emblée ?
    Si le médecin suspecte un lichen scléreux (balanitis xerotica obliterans) ou en cas de complications récurrentes et gênantes, la circoncision peut être discutée. Sinon, une plastie conservatrice est souvent possible.

    En pratique, à la maison

    • Lavez à l’eau (savon doux possible, bien rincé).
    • Laissez votre enfant gérer lui-même la rétraction quand cela devient possible, sans jamais forcer.

    Références clés

    Sparadra : Décalotter ou pas mon petit garçon ?

    Royal Children’s Hospital (Melbourne). Clinical Practice Guideline: The penis and foreskin (rétractilité selon l’âge, soins, paraphimosis).

    Assurance Maladie (ameli.fr). Phimosis : diagnostic et conduite à tenir (ne jamais forcer le décalottage).

    Urofrance (AFU). Fiche info patient – Phimosis (2025) ; Phimosis : réalité clinique et prise en charge (efficacité > 90 % des corticoïdes topiques, indications chirurgicales).

    Centres hospitaliers pédiatriques. Fiches d’information – Phimosis / Interventions (repères d’âge, plastie vs posthectomie).

    CHU Sainte-Justine. Balanoposthite : prise en charge et conseils (hygiène, éviter les rétractions forcées en phase aiguë).

    Besoin d’un avis pour votre enfant ?

    Chaque situation est singulière. Si vous avez un doute (douleur, infections répétées, gêne pour uriner, prépuce coincé), prenez rendez-vous : nous évaluerons calmement la situation et choisirons la conduite la plus simple et la plus sûre pour votre enfant.

  • Dépistage néonatal

    Contexte historique

    Ivar Asbjørn Følling fut un médecin norvégien ; il fut, également, un biochimiste. Parmi les patients qu’il était amené à suivre, plusieurs enfants présentaient un retard mental. A l’époque, deux causes de retard mentaux étaient connus : l’hypothyoïdie, aussi appelée « crétininisme » et la trisomie 21 ou « mongolisme ». Toutefois, les patients du Dr. Asbjørn Følling n’avaient pas les mêmes caractéristiques physiques que les patients souffrant d’hypothyoïdie ou de trisomie 21. Ces patients ne présentaient pas de franches caractéristiques communes : le retard mental était surtout le symptôme qui les reliaient. Afin d’identifier une cause à cette forme de retard mentale distincte, il s’est intéressé à un frère et à sa soeur, tous les deux atteints du même retard mental. En émettant l’hypothèse qu’ils partageaient la même cause de déficience intellectuelle, il se servit de sa casquette de biochimiste pour analyser leurs urines. Après, probablement, plusieurs essais, il remarqua que l’utilisation de chlorure ferrique coloraient les urines de ces deux enfants en vert. Il put identifier le composé : l’acide phénylpurivique, issu de la dégradation de l’acide aminé : la phénylalanine (apportée par l’alimentation). Le Dr. Asbjørn Følling demanda à ses confrères les échantillons urinaires de patients atteints de retard mental et pu, dès lors, identifier 8 autres patients excrétant de fortes quantités d’acide phénylpurivique dans leurs urines. Il venait d’identifier, en 1934, une nouvelle maladie : la phénylcétonurie.

    En 1958, Horst Bickel montra que les enfants atteints de phénylcétonurie présentaient une amélioration clinique, modeste, de leurs symptômes grâce à un régime pauvre en phénylalanine. A ce stade, la phénylcétonurie était identifiée comme une maladie dont l’excès de phénylalanine, mesurable dans le sang, était responsable de retard mental, définitif, une fois que la maladie était installée (c’est-à-dire, quelques mois après la naissance). Un médecin américain, Robert Guthrie, affecté par la naissance d’un fils atteint de retard mental, se plongea dans la mise au point d’une méthode diagnostique pour le dépistage, en période néonatale, de la phénylcétonurie. Après plusieurs essais, il réussit à élaborer un test qui permettrait de diagnostiquer, en période néonatale, les patients atteints de phénylcétonurie, grâce à une goutte de sang, prélevée sur leur talon, déposée sur papier buvard : le test de Guthrie.

    Aujourd’hui, tous les nouveaux-nés se voient prélevés un peu de sang, à partir de leur talon, à leur 3ème jour de vie. Ces gouttes de sang se voient déposer sur un papier buvard. Les renseignements du nouveau-né et de ses parents sont enregistrés sur le papier buvard.

    Recto 

1 – Le Code Maternité est un code à 3, 4 ou 5 caractères alphanumériques. Le Code Maternité correspond au code de la maternité de naissance. Il peut être récupérer auprès des Centres Régionaux de Dépistage Néonatal.
2 – Au mieux, le nom renseigné doit être le nom de l’enfant déclaré à l’état civil. Si la déclaration à l’état civil n’a pas été faite, il demeure important de noter le nom transmis par les parents.
3 – Le rang de naissance correspond à l’ordre de naissance pour une grossesse multiple. Ainsi au cours d’un accouchement de jumeau, il conviendra de mettre 1/2 pour le premier enfant né, et 2/2 pour le second.
4 – Selon le statut du prélèvement, il est nécessaire de cocher prélèvement « initial » ou « 2e prélèvement ». En effet, il est parfois nécessaire de refaire un prélèvement. Tout nouveau prélèvement (2ème, 3ème ou plus) doit faire cocher la case « 2e prélèvement ».
5 – Le code demandé est le code du service de prélèvement, comme pour le code maternité, il peut être retrouvé auprès du Centre Régional de Dépistage Néonatal.
    Verso 

6 – Les informations contenues dans le paragraphe concernant les parents permettront de recontacter les parents en cas de besoin. Ces informations sont donc essentielles pour avertir les parents des résultats de leur enfant.
7 – L’item « Médecin déclaré CPAM » doit être complété avec le nom du médecin traitant des parents. Il peut être remplacé pour l’identité de tout autre professionnel ayant suivi les parents ou destiné à suivre l’enfant (pédiatre, SF,…).
8 – La ville correspond à la ville d’exercice du professionnel. Cela permettra aux Centres Régionaux de Dépistage Néonatal de retrouver le professionnel et de la contacter en cas de besoin.
9 – L’encadré traitant du consentement parental à la réalisation d’un examen des caractéristiques génétiques doit être correctement rempli par les parents. Vérifier que leurs noms figurent, ainsi que le prénom, nom et date de naissance de l’enfant et qu’ils soient corrects. Il faut absolument qu’une (et une seule) des cases « Consentons » ou « Ne consentons pas » soit cochée. Et pour finir, il est impératif qu’au moins une signature soit apposée en bas de l’encadré.

Attention : le dépistage de l’amyotrophie spinale se réalisant exclusivement par analyse génétique ciblée, il est important d’expliquer aux parents que ce dépistage ne sera pas réalisé s’ils ne consentent pas.

    Recto & verso du papier buvard servant au dépistage néonatal (test de Guthrie), en France. D’après depistage-neonatal.fr.

    La suite, à venir dans l’article : Dépistage néonatal : qu’est-ce qu’une maladie génétique ?

    Je suis le Dr. Maji, Pédiatre à Paris. Cet article apporte une information médicale et ne se saurait se substituer à une consultation.

    Pour aller plus loin

    Histoire et organisation du programme français de dépistage néonatal systématique (1967-2020) par Jean-Pierre Farriaux