Fiche : varicelle

Histoire de la varicelle

De manière très intéressante, des analyses récentes suggèrent que le virus de la varicelle aurait émergé en Afrique, avec les premiers humains, 7 millions d’années auparavant.

Jusqu’au début du XXᵉ siècle, la varicelle fut surtout décrite parmi les « maladies éruptives » de l’enfance, au sein desquelles on la confondait souvent à la variole ou la scarlatine. Néanmoins, les médecins se mirent à décrire plus précisément la varicelle, d’abord cliniquement, puis par l’observation que la vaccine (le vaccin contre la variole) ne permettait pas de se protéger contre la varicelle (permettant de distinguer la variole, de la varicelle). Le jalon majeur du XIXᵉ siècle fut posé en 1892 par le pédiatre hongrois Janus von Bókay, qui observa que des individus, en contact avec des sujets présentant un zona, développèrent une varicelle. Cela permit de suspecter qu’un germe était commun à la varicelle et au zona.

L’ère de la virologie moderne (années 1950)

En 1952, Thomas H. Weller aboutit à la mise en culture des prélèvements de patients atteints, d’une part, de la varicelle, et, d’autre part, du zona. Il mit en évidence une similarité entre les lésions induites par les deux types de prélèvements. Il conclut qu’un seul et même virus fut à l’œuvre dans ces deux atteintes. Sa technique de culture accomplit une avancée majeure pavant la voie à la mise au point d’un vaccin contre la varicelle.

Culture « sérielle » des virus

Les « passages en série » consistent à faire répliquer plusieurs fois de suite un virus dans des cultures cellulaires choisies. À chaque passage, on ré-ensemence une nouvelle culture avec le virus issu du passage précédent. Cette méthode sert à :

  1. Adapter le virus au système de culture pour obtenir des titres élevés et un comportement stable en laboratoire ;
  2. Sélectionner des variants qui restent immunogènes mais deviennent moins virulents pour l’hôte humain (c’est le principe d’un vaccin vivant atténué).

En effet, l’environnement de culture (à savoir les cellules hôtes choisies, différentes de la peau humaine) favorise, ainsi, la sélection des variants viraux adaptés à ces cellules. Le virus devenant de moins en moins adapté aux tissus humains. On obtient ainsi un virus qui se réplique bien en laboratoire et mal dans la peau : c’est l’atténuation clinique recherchée.

Du laboratoire au vaccin vivant atténué (années 1970)

Dans les années 1970, l’équipe de Michiaki Takahashi à Osaka développa un vaccin vivant atténué, à partir d’une souche obtenue par passages sériés en culture.

Les premières autorisations et l’introduction en population (années 1990)

Après des années d’évaluation clinique, le vaccin anti-varicelleux fut homologué aux États-Unis en 1995 (Varivax).

L’ère post-vaccinale : transformation épidémiologique (1995 → aujourd’hui)

Vingt-cinq ans après l’introduction du vaccin aux États-Unis, les revues de l’IDSA (Infectious Diseases Society of America) rapportèrent une chute > 97 % de l’incidence et des complications liées à la varicelle à l’échelle nationale — un marqueur fort de l’impact sanitaire de la vaccination de masse.

Symptômes cliniques et phases de la maladie

  • Incubation : typiquement ~10 à 21 jours (médiane ≈ 14 jours).
  • Phase symptomatique : fièvre modérée, puis éruption vésiculeuse prurigineuse par poussées successives, avec lésions d’âges différents, touchant cuir chevelu, tronc, visage, muqueuses. 
  • Guérison : les vésicules se troublent, s’ombiliquent, puis croûtent et tombent en ~1 semaine ; la guérison survient en 15 jours. 
  • Contagiosité : 1–2 jours avant l’éruption jusqu’à croûtation complète de toutes les vésicules (les croûtes ne sont pas contagieuses). 

Que faire en cas de varicelle ?

  • Consultation médicale rapide (dans les 48 heures).
  • Antalgiques/antipyrétiques :
    • paracétamol recommandé
    • Aspirine et autres anti-inflammatoires non stéroïdiens (tels que l’ibuprofène) sont contre-indiqués 
  • Antipruritique : antihistaminiques oraux si besoin pour limiter le grattage (toutefois, le niveau de preuve est faible).  
  • Antiviral : l’aciclovir peut être prescrit précocement chez les sujets à risque (p. ex. adolescents, maladies cutanées comme eczéma, certaines comorbidités) et est indiqué en IV dans les formes graves, chez le nouveau-né, chez la femme enceinte proche de l’accouchement, et chez l’immunodéprimé
  • Immunoglobulines spécifiques anti-VZV (VARITECT) : à envisager après exposition chez les sujets non immuns à haut risque (immunodéprimés, nouveau-nés dans certains contextes, etc.) le plus tôt possible.

Mesures simples (à domicile)

  • Hygiène quotidienne :
    • douches à l’eau tiède avec un syndet/surgras ;
    • éviter les bains prolongés ;
    • couper les ongles, éventuellement gants chez les petits ;
    • désinfecter deux fois/jour à la chlorhexidine aqueuse.  
  • Ce qu’il faut éviter sur la peau :
    • talc ;
    • anesthésiques ;
    • crèmes entraînant un effet occlusif, à l’origine d’un risque de surinfection et de masquage des signes.
  • Soleil :
    • protéger les lésions/cicatrices du soleil (écran solaire) pour limiter la pigmentation séquellaire.

Quelles sont les précautions particulières à adopter pour les sujets fragiles ou à risque de complications sévères (nourrissons, femmes enceintes, personnes non vaccinées)

  • Nourrissons :
    • la varicelle est rare avant 6 mois si la mère est immunisée (anticorps maternels) ;
    • les formes néonatales (infection maternelle de J-8 à J+2 autour de l’accouchement) peuvent être gravissimes et justifient prise en charge urgente, immunoglobulines et/ou aciclovir IV selon cas.  
  • Grossesse :
    • risque de varicelle congénitale (rare mais grave) si infection < 20 SA ;
    • prévention/PEC après exposition chez femme non immunisée conformément aux recommandations obstétricales en urgence.
  • Personnes non vaccinées/non immunes et collectifs :
    • éviter l’exposition des sujets à risque ;
    • précautions respiratoires en milieu de soins.

Peut-on prévenir la varicelle chez mon enfant ?

  • Vaccination :
    • Recommandée :
      • (2 doses) dans de nombreux pays chez les enfants, adolescents et adultes non immuns ;
      • elle a réduit drastiquement l’incidence et les complications.  
    • En France, il n’existe pas de recommandation générale (vaccination proposée dans des situations particulières : adolescents non immuns, femmes en âge de procréer non immunes, entourage de personnes immunodéprimées, etc.). Certaines sociétés savantes militent pour la généralisation de la vaccination anti-varicelleuse à l’ensemble de la population.
  • Post-exposition :
    • aciclovir selon les situations (grossesse, immunodépression, nouveaux-nés).

La varicelle laisse-t-elle des cicatrices à vie chez mon enfant ?

Oui, parfois : le grattage et la surinfection bactérienne augmentent le risque de cicatrices persistantes qui peuvent être pigmentées, hypochromiques, en creux ou chéloïdes. Une photoprotection rigoureuse des lésions en cours de cicatrisation est recommandée pour limiter les marques (ie. : crème solaire avec indice 50+)

Pour aller plus loin

Diagnostic de patients infectés par le VZV malgré la vaccination (Schmid et Jumaan, Clinical Microbiological Reviews, 2010)

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